MYANMAR MONASTIC SCHOOL

La Birmanie compte environ 400.000 moines, et autant de militaires.
Le Bouddhisme, religion majoritaire en Birmanie, joue de nombreux rôles, politique, culturel et économique méconnus. Les monastères ont notamment une action sociale et solidaire cruciale. Les moines ont su se révolter contre la junte militaire en 2007, lors de ce les media occidentaux ont nommé à l’époque « la révolte safran ».
Pour témoigner du quotidien intemporel des moines dans une Birmanie contemporaine en mutation accélérée.
Les moines ne peuvent recevoir de présent mais de la nourriture. Ainsi, tous se lèvent à 5h du matin et partent faire l’aumône, arpentant les rues pieds nus ou en sandales de plastique, un bol à la main, en file indienne. Riz ou haricots noirs, graisse de porc, morceaux de volailles ou de poisson, les moines mangent tout ce qui leur est donné. Le précepte de la générosité supplante celui du végétarisme. De son côté, la générosité du donateur lui rapporte des « mérites » qui assurent de meilleures chances de réincarnation, voire son salut.
A 6 heures, de retour au Monastère, les moines prennent leur petit déjeuner tous les repas sont pris collectivement avec l’ensemble de la Sangha (la communauté bouddhiste) rassemblée autour d’immenses tablées.
Les moines mangent leur ultime repas de la journée vers 11h du matin, suivant l’une des 227 règles du code de conduite monastique qui dispose que les moines ne doivent plus rien ingérer jusqu’au lendemain matin.
Traditionnellement, l’essentiel de leur journée est consacrée à méditer et à étudier. En effet, les moines en Birmanie sont chargés de plusieurs fonctions : méditer en vue de se détacher des souffrances terrestres et d’atteindre le Nirvana, enseigner le Dharma (l’enseignement du Bouddha), transmettre et assurer la maîtrise du Pâli.
Dans un pays où les zones rurales manquent cruellement d’écoles, où la qualité même du système éducatif laisse à désirer, la scolarisation des enfants n’est pas un acquis. Si l’éducation publique est moins chère que l’éducation privée, elle demeure un luxe inabordable pour de nombreuses familles pauvres.
Ne restent alors que les écoles monastiques qui dispensent gratuitement des rudiments de lecture, d’écriture, de calcul, d’histoire, de géographie et de Bouddhisme. Acteurs clef de l’éducation Birmane depuis le 11ème siècle, ces écoles éduquaient jusqu’au milieu du 20ème aussi bien les princes que les mendiants. Aujourd’hui, elles s’occupent essentiellement d’enfants pauvres et d’orphelins, près de 93 000 selon l’UNICEF. Bien qu’autorisées par le ministère des affaires religieuses à enseigner au niveau primaire, seuls deux de ces monastères – l’un à Rangoun, l’autre à Mandalay – ont le droit d’enseigner au niveau collège.
Pourtant, l’arrivée des colons britanniques en 1886 et l’introduction du système éducatif à l’européenne a porté un coup à ces enseignements traditionnels. Il a fallu attendre 1948 pour que les écoles monastiques connaissent un deuxième essor.
Aujourd’hui, elles suppléent aux déficiences du système officiel. Ainsi en Birmanie, les monastères ne se cantonnent pas à être des centres de méditation : ils jouent aussi le rôle d’ « ONG » locales, prodiguant éducation et nourriture aux jeunes novices qu’ils accueillent, voire des premiers soins à la communauté.
La pédagogie de l’enseignement y est conforme à celle que l’on retrouve ailleurs dans de de nombreux pays d’Asie du sud-est et de l’est partagent ce respect fondamental du professeur et du par cœur : il s’git essentiellement de réciter à mi-voix en boucle les textes sacrés. Souvent les enseignants recourent à des micros amplifiés, afin que leurs voix couvre le vacarme des générateurs électriques dont toutes les habituations sont équipées en Birmanie afin de palier aux coupures de courant quotidiennes.
Un moine ne peut rien posséder hormis sa toge, un bol, une paire de sandales et une ombrelle qui leurs sont offerts à chaque pleine lune en guise de donation. Les donations sont d’autant plus importantes pour les familles que nombre d’entre elles comptent des moines parmi leurs proches.
Fait marquant, à l’image de la disruption de la modernité numérique en Birmanie : les monastères sont aujourd’hui connectés à internet et la plupart des moines possèdent des smartphones. Cette connexion au monde n’est pas sans poser de nombreux problèmes : l’engagement monastique s’en trouve affecté, tant par la baisse du nombre de jeunes que par la baisse de la durée d’engagement. La désaffection de la jeune génération pour les valeurs traditionnelles et le repli sur soi font partie des grands maux de la Birmanie contemporaine. Par ailleurs, il est en effet très difficile même au sein du monastère de lutter contre l’addiction aux écrans et l’accès à toutes sortes de tentations que propose Internet.
Plusieurs moines témoignent du fait qu’Internet pourrait bien être la principale menace qui pèse sur la vitalité du Bouddhisme en Birmanie aujourd’hui.

(Texte Anne Murat)

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